La mort du Prophète Muhammad ﷺ
Nous sommes arrivés au mois de Rabi' al-Awwal qui est certes le mois de la naissance du Prophète ﷺ mais aussi celui de sa mort.
La dernière fois que le Prophète Muhammad ﷺ a dirigé la prière
Depuis l’hégire, le Prophète ﷺ avait toujours tenu à prier avec ses compagnons les cinq prières rituelles. Et ce, jusqu’à la maladie qui a précédé sa mort. Quelques jours avant qu’il ne pousse son dernier soupir, alors qu’il était alité, il s’était difficilement levé pour diriger la prière du crépuscule dans sa mosquée, comme il en avait l’habitude. Mais, atterré par sa migraine, il n’a réussi à sortir qu’avec un tissu qui lui serrait le crâne afin de supporter sa douleur. C’est appuyé sur Usama b. Zayd b. Hâritha, qu’il aimait tant, qu’il est sorti de chez lui, et qu’il est parvenu à faire les quelques mètres qui le séparaient de la mosquée, jusqu’à l’avant de la mosquée, où se situe son mihrâb. Il a alors lu la sourate des « Envoyés », dernière sourate qu’il ne lira jamais aux musulmans. Après être rentré chez lui, dans l’appartement de sa femme, ‘Â’isha, il s’endormit. Il se réveilla plus d’une heure plus tard, alors que l’heure de la prière de la nuit était déjà passée. Il demanda alors : « Les gens ont-ils prié ?» ‘Â’isha et ses autres femmes répondirent alors : « Non, ils t’attendent.» Il leur demanda de lui verser de l’eau dans une coupe pour qu’il puisse effectuer ses ablutions. Après s’être lavé, il s’est levé, mais avant de sortir de la pièce, il s’est évanoui. Il s’est ensuite réveillé et a demandé de nouveau : « Les gens ont-ils prié ? » . Elles lui répondirent « Non, ils t’attendent. » Il redemanda qu’on lui verse de l’eau dans une coupe pour effectuer les ablutions.. Il s’est alors lavé, puis s’est levé, et avant de sortir de la pièce, il tomba évanoui une fois de plus. Il s’est ensuite réveillé et a encore demandé : « Les gens ont-ils prié ? » . On lui répondit qu’ils l’attendaient toujours. Pendant tout ce temps, les musulmans attendaient dans la mosquée. Le Prophète Muhammad ﷺ a alors demandé qu’on aille chercher Abû Bakr, afin qu’il dirige la prière. Il est marquant de voir l’attachement du Prophète ﷺ à diriger la prière, et l’importance qu’il y a accordée jusqu’à son dernier souffle.
Le dernier sourire du Prophète Muhammad ﷺ
C’était un lundi matin. Le Prophète Muhammad ﷺ était malade depuis maintenant deux semaines. Il avait d’ailleurs arrêté de diriger la prière depuis plusieurs jours, trop souffrant pour se lever. Alors qu’Abû Bakr dirigeait la prière du matin, les musulmans furent surpris de constater que tout à droite du premier rang des fidèles, quelqu’un écartait le rideau qui ouvrait sur l’appartement de ‘Â’isha, la Mère des croyants. Cette personne, c’était le Messager de Dieu, Muhammad ﷺ. Celui-ci, pâle comme «la page d’un livre », selon l’expression du compagnon Anas b. Mâlik, les observait dans leur prière. Il sourit alors, de son beau sourire que ses compagnons, ses amis, n’oublieront jamais. ‘Abdallâh b. al-Hârith disait d’ailleurs, qu'il n'avait jamais connu qui que ce soit qui souriait plus souvent que le Messager de Dieu ﷺ, comme l’a rapporté al-Tirmidhî. Abû Bakr, comme beaucoup d’autres compagnons, pensa alors que l’état de santé du Prophète ﷺ s’était enfin amélioré, et qu’il venait le remplacer pour diriger la prière. Il commença à faire un pas sur le côté pour laisser la place au Messager de Dieu ﷺ. C’est là que, voyant les fidèles si joyeux de le revoir après plusieurs jours d’absence qu’ils en étaient décontenancés, le Prophète Muhammad ﷺ, souriant toujours, leur fit signe de continuer de prier, et il relâcha le rideau. Il mourut le jour même, avant que ne tombe la nuit. Ce visage souriant, fut la dernière image que les compagnons garderont de leur Prophète bien-aimé, leur ami, leur frère, Muhammad ﷺ.
Et le Prophète ﷺ rendit son dernier soupir
C’est dans les bras de sa femme ‘Â’isha, la personne qu’il aime le plus au monde, que le Prophète Muhammad ﷺ rend son dernier soupir. Elle rapporte ce moment si douloureux dans un hadith qui nous a été rapporté par Bukhârî : « Parmi les bienfaits dont Dieu m’a honorée se trouve le fait que le Prophète ﷺ soit décédé dans ma maison, durant un jour où il était chez moi, et entre mon cou et ma poitrine. » Dans ses derniers instants, alors que le Prophète ﷺ est souffrant dans les bras de ‘Â’isha, il utilise un siwâk pour se nettoyer l’intérieur de la bouche. Il lève ensuite la main, regarde vers le plafond et bouge les lèvres. ‘Â’isha l’entend alors dire : « Aux côtés de ceux comblés de Ta grâce, ainsi qu’avec les Prophètes, les véridiques, les martyrs et les bienfaisants ; ô Mon Dieu, pardonne-moi, fais-moi miséricorde et permets-moi de Te trouver ; ô Ultime compagnon ! permets-moi de Te trouver. » Il répète cette dernière parole trois fois. Sa main retombe. Il a trouvé son Créateur. Cet événement se produit en fin de matinée, le lundi 12 du mois de Rabî‘ al-Awwal de la onzième année de l’hégire. Après 23 années d’appel à l’islam, 23 années de lutte sur le chemin de Dieu, 23 années durant lesquelles le Prophète ﷺ a tout donné pour réformer le monde, il décède dans les bras de sa femme qu’il aime tant, suite à la maladie et à des douleurs très intenses. Il est alors âgé de soixante-trois ans.
La réaction des compagnons suite à la mort du Prophète ﷺ
Le décès du Prophète Muhammad ﷺ fut un véritable choc pour ses compagnons. Soudain, ils venaient de perdre le dernier lien direct que l’humanité n’aurait plus jamais avec Dieu. Plus de messagers, plus de prophètes, plus de révélations. Mais peut-être que le plus difficile encore était que les compagnons, hommes comme femmes, perdaient brusquement la personne que chacun d’entre eux aimait le plus au monde. Ils perdaient le Messager de Dieu, Muhammad ﷺ, qui les soutenait tous les jours, qui les aidait, qui les consolait et qui était « plus généreux et plus prodigue de sa bonté que le vent tumultueux n’est rapide et puissant », selon l’expression de ‘Abdallah b. al-‘Abbâs, dans un hadith rapporté par al-Bukhâri. Face à cette perte immense, certains compagnons refusèrent d’accepter la réalité qui était sous leurs yeux, comme ‘Umar b. al-Khattâb par exemple. Ce dernier refusa nettement cette idée, et appela les musulmans à ne pas y croire non plus. On fit alors appeler Abû Bakr, qui était à ce moment-là dans un autre quartier de la ville de Médine. Il accourut, entra dans l’appartement de ‘Â’isha, sa fille, et demanda à toutes les personnes présentes de sortir de la pièce. Il découvrit alors le visage du Prophète ﷺ, dont le corps avait été enveloppé d’un tissu rayé blanc et rouge. Il regarda alors le visage de son ami de toujours, Muhammad, son frère, son Prophète ﷺ, son guide, son chef. Et effectivement, il constata que son meilleur ami était bel et bien décédé. Face à cette douleur intense, sa première pensée va à Dieu, qu’il cite en récitant : « Tu mourras, et ils mourront également » (39 : 30) Il a alors embrassé le visage de son Prophète ﷺ et a pleuré. Il a ensuite enlacé le Messager de Dieu ﷺ, et, a embrassé le front de son ami. Puis, dans sa souffrance intense, il s’est repris, a séché ses larmes et s’est levé. Il sortit de l’appartement, et appela les compagnons à lui. Ces derniers, qui étaient regroupés autour de ‘Umar, laissèrent ce dernier et allèrent vers Abû Bakr. Celui-ci prit alors la parole et annonça : « Ô gens ! Que ceux parmi vous qui adorent Muhammad, qu’ils sachent que Muhammad est mort. Et que ceux qui adorent Dieu, qu’ils sachent que Dieu est vivant et ne meure jamais ! Dieu le Très Gracieux et le Très Haut a dit : « Muhammad n’est qu’un Prophète parmi tant d’autres qui sont passés avant lui. Seriez-vous hommes à abandonner le combat, s’il venait à mourir ou à être tué? Ceux qui abandonnent le combat ne nuisent en rien à Dieu. Mais Dieu saura récompenser ceux qui sont reconnaissants. » (3 : 144) Les compagnons qui étaient présents ce jour-là ont ensuite relaté ce moment. Abdallah b. al-‘Abbâs disait que c’était comme si aucun compagnon ne se souvenait plus de ce verset avant qu’Abû Bakr ne le récite ainsi. Anas b. Mâlik, après avoir servi pendant dix ans le Prophète ﷺ, décrivait par la suite ce jour-là comme le jour le plus noir qu’il ait jamais vécu, le jour où la ville de Médine « s’est obscurcie ».
Le Prophète Muhammad ﷺ est le seul être humain que Dieu a chargé d’une mission infinie, dans le temps comme dans l’espace. En effet, les autres prophètes devaient appeler leur peuple à croire en l’unicité de Dieu, le Prophète Muhammad ﷺ devait appeler l’humanité tout entière, et toutes les générations futures. Le jour de sa mort, cette responsabilité s’est répartie sur tous les musulmans. Et depuis, le Message repose sur les épaules de chacun d’entre nous. Serons-nous à la hauteur de notre mission ?