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L’épisode de la calomnie, al-‘ifk.

Quand la Mère des croyants ‘Â’isha a été la victime des fake news.

Durant sa vie, ‘Â’isha, la Mère des croyants, rencontra une épreuve difficile, aussi bien pour elle que pour son entourage. En effet, elle fut victime d'une calomnie de grande envergure que Dieu qualifia dans le Coran de « ‘ifk ». Ce mot, souvent traduit par calomnie revêt un sens beaucoup plus subtil car il désigne plus précisément le fait de transmettre une information que l’on a reçue sans s'être assuré de sa source et véracité.

 

‘Â’isha au cœur de cette « calomnie » fut accusée d’adultère avec le compagnon Safwân b. al-Mu‘attal, alors même que les deux étaient connus pour leur grande piété. La rumeur avait été lancée par ‘Abdallah b. ’Ubayy, l’un des principaux hypocrites qu’ait connu notre noble Prophète ﷺ. En effet, ‘Abdallah b. ’Ubayy, l’un des chefs principaux de la tribu médinoise des Khazraj avant l’islam, a longtemps tenté de semer des troubles contre le Prophète ﷺ à Médine. Il souhaitait donc par cette manœuvre salir la réputation de l’épouse de notre Bien-aimé ﷺ. Cet acte, très lâche, n'est finalement pas surprenant venant d’un tel individu rempli de vices et semeur de troubles. Ce qui peut surprendre en revanche, c’est le fait que cette rumeur se soit répandue dans toute la ville de Médine en très peu de temps. Nombre de croyants l'ont effectivement, entendue, transmise et surtout crue. La rumeur prit une telle ampleur qu'elle alla même jusqu'à faire douter le Prophète Muhammad ﷺlorsqu'elle arriva à lui.

 

Face à la rumeur, le comportement et l’exemplarité du meilleur des êtres humains ﷺs'exprima car il ne formula ni jugement hâtif, ni ne relaya l’information à la principale concernée. Il mena son enquête et demanda conseil à ses proches quant à l’attitude à adopter. Après avoir été rassuré par ceux-ci, il rejoignit ‘Â’isha et lui dit : « O ‘Â’isha ! Il m’est parvenu telle et telle chose sur ton compte ; si tu es innocente, Dieu t’innocentera; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Dieu et repens-toi, car quand le serviteur reconnaît ses péchés et se repent, Dieu accepte son repentir. »

 

Et c'est ce même comportement face à l’information qui nous est explicitement enjoint dans le Coran :

« Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. » (49 : 6)

 

À l'époque actuelle de l'internet et de l’hyper-information, cet enseignement est plus que jamais d’actualité face à une profusion des fake news relayées par les médias et toute personne, notamment à travers les réseaux sociaux. Ces fake news peuvent réellement causer du tort à autrui et les personnes participant à les relayer ne sont à l'abri, ni de médisance ni de calomnie si l’information se révèle par la suite fausse.

 

C’est d’ailleurs ce que nous enseigne l'histoire de la calomnie de ‘Â’isha : après une longue épreuve durant laquelle tout le monde la calomniait, la Mère des croyants ‘Â’isha fut finalement innocentée par Dieu dans le Coran :

« Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous. À chacun d'eux ce qu'il s'est acquis comme péché. Celui d'entre eux qui s'est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. » (24 : 11)

 

Ces accusations étaient donc pure calomnie et Dieu, lorsqu'il dénonça les coupables à travers ce verset, nous met en garde contre de telles pratiques.

Nous pouvons ainsi retenir de ce récit qu'il est du devoir du croyant de se prémunir contre l'injustice du ’ifk, en vérifiant la véracité des informations qu'il partage. En suivant la méthodologie prophétique et par cette simple action, le croyant parera intelligemment les attaques des propagateurs du faux en se préservant et protégeant ainsi la société tout entière de leur perversion.